Jusqu'à présent, les conditions météorologiques en Europe de l'Ouest et en France étaient majoritairement dominées par la persistance des hautes pressions, garantissant un temps sec et remarquablement calme sur notre pays. Mais cette semaine, une parenthèse perturbée se met en place. Si les précipitations s'annoncent plutôt habituelles pour la saison, il convient en revanche de surveiller les coups de vent qui vont balayer les régions situées au nord de la Loire, notamment pour mercredi et vendredi, en marge des dépressions qui passeront sur les îles britanniques. Ces dépressions hivernales circulant sur les îles britanniques font l'objet d'une liste élaborée à l'automne par le service météorologique anglais (Met Office), qui n'a été que peu utilisée cette année.
Un défilé de dépressions au niveau des îles britanniques
La situation météorologique actuelle porte l'appellation de "flux zonal" pour désigner une circulation perturbée d'ouest qui traverse l'océan Atlantique depuis les côtes américaines, pour se diriger vers la Scandinavie en passant par les îles britanniques. C'est le schéma météorologique plutôt classique en hiver sous nos latitudes, mais qui est resté minoritaire cet hiver.
Ces dépressions circuleront rapidement et seront très creuses, c'est-à-dire que la pression en leur centre sera basse, possiblement autour de 960 hPa. Cela n'a rien d'exceptionnel, mais en passant directement sur le Royaume-Uni et à proximité de la France, ces dépressions engendreront des tempêtes sur l'Europe du Nord. Pour la France, on parlera d'abord de coup de vent pour mercredi, avant de déterminer la trajectoire de la dépression suivante, attendue vendredi sur l'Angleterre, qui pourrait passer éventuellement plus près de nos côtes des Hauts-de-France et qui, dans ce cas, générerait des vents possiblement tempétueux.
Dépression "Dudley" ce mercredi
Le défilé des dépressions sur les îles britanniques semble assez bien anticipé désormais, avec deux tempêtes en prévision. La première est attendue ce mercredi. Baptisée "Dudley" par le Met Office, cette dépression sera très creuse, à 955 hPa et passera assez au nord, au niveau de l'Écosse. Son éloignement par rapport à la France ne provoquera qu'un coup de vent classique sur nos départements les plus au nord et concernera les Hauts-de-France. Des rafales proches de 100 km/h y sont attendues, tandis que le Royaume-Uni pourra subir des rafales à 120 - 130 km/h, voire davantage sur les reliefs écossais. Certaines régions du Royaume-Uni émettent déjà des alertes de niveau orange au sujet de cet épisode.
Dépression "Eunice" vendredi, possiblement la plus forte
Toujours dans le contexte de ce défilé des dépressions, une autre est déjà envisagée par les modèles numériques de prévisions météorologiques pour la journée de vendredi. La pression en son centre ne serait pas plus basse qu'avec Dudley, mais son cœur passerait plus près de la France, directement sur l'Angleterre. Pour ce pays, un premier avis de tempête est d'ores-et-déjà envisagé avec une fiabilité de 80% selon le Met Office. Il s'agirait alors d'une forte tempête avec des rafales potentiellement comprises entre 130 et 150 km/h sur les caps et zones de reliefs. Pour la France, nos régions situées au nord de la Loire et surtout les Hauts-de-France subiraient un fort coup de vent avec possiblement des rafales tempétueuses, c'est-à-dire supérieures à 100 km/h dans les terres et de 110 à 140 km/h sur les caps. Cette évolution pour vendredi dépendra de la trajectoire précise du cœur dépressionnaire. Tout ceci se produit, fort heureusement, dans un contexte de coefficients de marée modérés (autour de 80 à 90), ce qui limitera un peu les phénomènes de submersions littorales. Mais, dans ce contexte, la Manche sera démontée vendredi. Cette situation sera à surveiller.
À quoi vous attendre si vous voyagez en Europe ?
Si vous devez vous déplacer vers le Royaume-Uni et vers l'Europe du Nord en général, il faut prendre en compte ces intempéries à venir qui pourraient compliquer le trafic aérien et maritime. Pour les îles britanniques, la journée de mercredi sera très agitée avec des risques de retard de vols et de ferries trans Manche et Mer du Nord. Jeudi, cette première tempête se décalera vers le nord de l'Allemagne et la mer Baltique, où les conditions seront tempétueuses.
La tempête de vendredi pourrait être plus sévère sur les îles britanniques et le nord de la France. Dans cette configuration, il faut s'attendre aussi à des perturbations aériennes et maritimes, voire routières et ferroviaires en cas de chutes d'arbres sur les axes. Cette tempête de vendredi devrait aussi se diriger vers les pays riverains de la mer du Nord samedi (Belgique, Pays-Bas, nord de l'Allemagne, Danemark).
Le mois de février n'est pas, statistiquement, le plus tempétueux de l'année en France, mais il n'est pas rare que de tels épisodes se produisent. La tempête Ciara, survenue en février 2020, en est le dernier exemple en date.
