
Le mois de mars présente une configuration météorologique atypique, avec un défilé de dépressions très au sud de l’Europe, notamment sur la péninsule Ibérique. L’Espagne et le Maroc enregistrent une pluviométrie abondante, tandis que le sud de la France subit également ces perturbations. En Catalogne, les fortes pluies récentes ont permis aux réservoirs d’eau d’atteindre leur plus haut niveau depuis trois ans.
Des dépressions qui circulent très au sud
Habituellement, les dépressions circulent au niveau des Îles Britanniques et de la Scandinavie, tandis que les hautes pressions protègent la Méditerranée. Mais depuis début mars, ce schéma est inversé : les dépressions suivent une trajectoire sudiste, des Açores jusqu’à la péninsule Ibérique, affectant aussi le Maroc et le sud de la France.
Une situation qui rappelle mars 2024
Le phénomène actuel rappelle mars 2024, marqué par une forte ondulation du jet-stream, qui a favorisé la stagnation de masses d’air humides sur l’ouest de l’Europe. Cette configuration avait intensifié les dépressions atlantiques, entraînant des précipitations inhabituelles et des épisodes cévenols précoces. Les Cévennes avaient ainsi enregistré des pluies diluviennes, dépassant les normes saisonnières. Ces épisodes pluvieux au sud ont permis de rétablir des conditions hydrologiques favorables, mettant un terme aux derniers bastions de la sécheresse en France.
Alors qu’en mars 2024, un flux de sud avait engendré une douceur exceptionnelle, cette année, le flux de nord limite la hausse des températures.
Le courant jet influence cette configuration
Le courant-jet (ou jet stream) est un flux d'air rapide situé en haute altitude qui influence les conditions météorologiques. Son déplacement vers le sud, notamment au-dessus de l'Afrique du Nord, peut être attribué à plusieurs facteurs interdépendants, telles les ondes de Rossby (mouvements ondulatoires atmosphériques et océaniques), la circulation de Walker (circulation des masses d'air sous les tropiques) ainsi que le réchauffement climatique : la hausse des températures modifie les gradients thermiques entre l'équateur et les pôles, perturbant la circulation atmosphérique et influençant la trajectoire du jet stream.
Tous ces paramètres multifactoriels nécessitent des recherches supplémentaires pour mieux comprendre la dynamique atmosphérique et le comportement du jet stream. La situation de l'année dernière semble se répéter cette année : on peut donc craindre de nouveaux épisodes pluvieux intenses sur le pourtour de la Méditerranée, du Maghreb à l'Espagne et au sud de la France.